L'origine du trench

L'origine du trench

L'origine du trench ou comment les rhumatismes précoces d’un apprenti tailleur anglais sont à l’origine d'une marque iconique et d'un produit iconique !

L'origine du trench ou comment les rhumatismes précoces d’un apprenti tailleur anglais sont à l’origine d'une marque iconique et d'un produit iconique !

 

Étymologiquement, trench coat signifie « manteau des tranchées ». Mais si le conflit de 14/18 l’a popularisé, le trench est né presque un siècle avant la première guerre mondiale. C’est en effet en 1820 que le chimiste écossais Charles Mackintosh et l’inventeur britannique Thomas Hancock (qui deviendra le père de l’industrie du caoutchouc britannique) créent des manteaux imperméables en coton caoutchouté. Ce vêtement, conçu pour les activités de plein air des gentlemen anglais, ne va cesser de se perfectionner, le défi étant de conserver ses propriétés protectrices tout en le rendant moins plus respirant

 John Emary, un tailleur de Mayfair, s’inscrit dans cette quête et produit en 1853 pour son entreprise Aquascutum – bouclier contre l’eau en latin - améliorée.

 Mais la grande idée d’imperméabiliser le fil de coton ou de laine plutôt que la toile finie, clé d’une matière respirante, revient à Thomas Burberry dix ans plus tard. Inventée en 1879, la gabardine Burberry, se taille un succès rapide auprès de l’upper class britannique, baroudeuse ou countryside. .

 Si les trench coats de Burberry et Aquascutum se retrouvent dans les tranchées pendant la première guerre mondiale, c’est plus le fait des officiers qui l’achètent sur leurs propres deniers. Des versions moins chères sont proposées au moins fortunés.

A cette époque, le trench coat, tel qu’il est appelé pour la première fois dans une revue spécialisé de tailleurs en 1916, ressemble déjà pas mal à ce qu’on connait aujourd’hui : il démarre comme une veste croisée, ceinturée et descend au -dessous du genou. La ceinture est équipée d’anneaux en D, permettant d’accrocher des accessoires, en l’occurrence un sabre et des grenades. La cape dans le dos facilite l’écoulement de l’eau et le rabat tempête sur les épaules garantit l’aération.

Les poches sont profondes, des manches avec pattes de serrage aux poignets renforcent la praticité, les boutons au niveau du col sont supposés protéger le porteur des gaz toxiques.

Il est enfin possible de choisir une version doublée, la doublure détachable pouvant être utilisée comme couverture. La version du trench coat de guerre est kaki.

 Même si le trench coat rempile pour la Seconde guerre mondiale, il est déjà récupéré par Hollywood. : Humphrey Bogart dans Casablanca, Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany….

 

FOREVER TRENCH

Fondamentalement, le trench a traversé plus d’un siècle sans beaucoup changer : les épaules structurées, la boutonnière de style militaire, la ceinture lanière, le col qu’on peut remonter, les manches simples ou raglantes  (rattachées au col)…. Est-ce cet héritage militaire qui fait qu’encore aujourd’hui, on se sent comme protégé par une armure quand on se glisse dans son trench ?

 

 FOREVER BURBERRY

Indissociable de l’histoire du trench, la marque Burberry l’est plus généralement d’un siècle et demie de l’histoire de l’Angleterre. Vous prendrez bien une tasse de mode anglaise ?

Tout commence en 1856 quand Thomas Burberry, apprenti drapier, consulte son médecin pour rhumatismes précoces. Ce dernier lui déconseille de porter des imperméables en caoutchouc, qui protègent de la pluie mais n’évacuent pas la transpiration.

Thomas suit ce conseil, et quelques semaines, ouvre sa première boutique et habille rapidement les notables de sa région.

 La fameuse gabardine est créée en 1880, brevetée en 1888. Elle serait inspirée d’un berger qui attribuait l’imperméabilité de sa veste au fait qu’il utilisait la laine de ses moutons, traitée pendant leur bain pour résister aux intempéries.

 En 1891 ouvre au 30 Haymarket Street à Londres un magasin qui est encore aujourd’hui le siège social de l’entreprise.

 « L’equestrian Knight » (le chevalier équestre) et la devise « Prosum » (« de l’avant » en latin), apparaissent 10 ans plus tard, alors que Burberry est chargé d’équiper l’armée britannique.

Avant de quitter la scène Thomas Burberry impose le « nova check » en 1924, tartan écossais noir, blanc et camel, signature des collections et de la marque encore aujourd’hui.

 Fournisseur des expéditions polaires -lors de son expédition en Antarctique, l'explorateur Norvégien Amundsen doit la vie à sa tente en gabardine,-  sponsor du premier homme ayant atteint le pôle Nord, fournisseur de l’armée…. La marque Burberry inscrit dans son ADN l’idée d’une protection face à l’hostilité de son environnement. Il y aura également un modèle de montre de la maison Burberry dédié à cette exploit, appelé la South Pole expedition.

 Le trench est désormais le symbole d’une élégance intemporelle, sans jamais se départir d’une petite dimension aventurière,quelque que soit l’aventure : Humphrey Bogart face aux collaborateurs dans Casablanca, Audrey Hepburn face à la dureté de la vie dans Breakfast at Tiffany’s, l’inspecteur Colombo face au crime.

« Give me my Burberry », en prononçant ces mots,  le roi Edouard VII donne au trench Burberry la consécration royale de devenir générique.

Burberry est en effet une marque royale : fournisseur officiel de la Reine depuis 1955, le Prince Charles lui accorde le Royal Warrants en 1989.

 En 1955, Burberrys est acheté par le groupe Great Universal Street et les décennies qui suivent sont extrêmement rentables grâce à la multiplication des licences. Mais elles conduisent à la banalisation de la marque.

 En 1998, la nouvelle dirigeante Rose Marie Bravo met en place l’équipe du renouveau, Comment reconquérir une image de luxe tout en restant fidèle à son capital ? Elle fait de Burberry un cas d’école marketing : Nouveau styliste promu directeur artistique, nouvelle équipe de communication autour de stars de la mode (Fabien Baron et le photographe Mario Testino), mannequins vedette et égéries, mais aussi coupure de nombreux contrats de licence pour reprendre la main sur ce bien si précieux de l’image de marque.

 

Burberrys devient Burberry, les collections sont repositionnées :

- Prosum, la plus haut de gamme

- Burberry london, davantage grand public

- Thomas Burberry devenu Burberry Brit, la plus jeune.

 A la mode depuis plus de 100 ans, le Trench et le motif « Nova Check » ne sont pas prêts de quitter la scène. L’achat en seconde main n’a donc même pas besoin de convoquer les arguments du vintage pour être une bonne idée. Un trench Burberry aujourd’hui côute à l’achat en boutique plus de 1 000 euros, chez Le Beau Gustave, des jolies pièces en parfait état,

 

FOCUS SUR LE « BURBERRY CHECK »

A la base conçu comme une doublure, le tartan fait tilt quand le manager de la boutique Malherbes, trouvant sa vitrine trop beige, montre un manteau à l’envers et que celui-ci rencontre l’enthousiasme des clients.

Symbole bourgeois mais récupéré régulièrement par des groupes tels que les « Chavs » amateurs de rap dans les années 80, il oscille en permanence entre ces 2 pôles, l’archétype du classique et le parangon de la hype.

La collection Suprême/Burberry sortie en mars 2022 a une fois encore renvoyé le curseur du côté tendance.

A la base, un tartan est une étoffe de laine légère dont les couleurs vives, disposées en carreaux, sont propres aux différents clans écossais. Même si reconnaitre un vrai d’un faux motif relève parfois du jeu des 7 erreurs, voici quelques indications :  

- 4 fines lignes rouges (2 horizontales & 2 verticales)

- 3 lignes sombres verticales, ainsi que 3 lignes grises horizontales. 

Ensemble, ces lignes forment un motif à carreaux sur un fond beige.

Mais il est plus sage pour reconnaitre un faux Burberry de se fier à la qualité du produit.