Entrez dans le monde des sartorialistes

Entrez dans le monde des sartorialistes

Pour le commun des mortels, Gaetano Aloisio n’est pas un nom très connu. Dans le monde des sartorialistes, Gaetano Aloisio est un Maitre.

Dénicher, présenter et vendre des costumes signés par le grand homme est l’assurance de voir arriver chez soi des passionnés, experts en matière d’habillement masculin formel, dont la communauté se retrouve dans quelques boutiques parisiennes, sur quelques blogs et sur Instagram.

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Pour le commun des mortels, Gaetano Aloisio n’est pas un nom très connu. Dans le monde des sartorialistes, Gaetano Aloisio est un Maitre.

Dénicher, présenter et vendre des costumes signés par le grand homme est l’assurance de voir arriver chez soi des passionnés, experts en matière d’habillement masculin formel, dont la communauté se retrouve dans quelques boutiques parisiennes, sur quelques blogs et sur Instagram.

Voilà donc les premiers pas du BEAU GUSTAVE dans le monde du « bespoke » (« sur mesure » en anglais) et des sartorialistes (« Sartore » signifie « Tailleur » en italien), monde dont les portes se sont ouvertes grâce à quelques pièces du Maestro.

Une connaissance indispensable quand on est la première plateforme dédiée à la mode masculine de seconde main.

 

 

Le costume sur mesure, ce n’est pas de la demi-mesure.

Une des bêtes noires des sartorialistes et des tailleurs pour hommes, c’est le marketing de la mode. On peut aimer le marketing mais les comprendre.

En effet, aujourd’hui, le « bespoke » est un hashtag sans forcément de réalité, et l’expression « demi-mesure » génère aussi sa part de flou.

Un costume sur mesure demande la prise de plusieurs dizaines de mensurations mais aujourd’hui, les progrès de l’informatique appliqués à la confection, l’automatisation de la découpe industrielle dans le textile et la transmission des données par internet ont permis une pseudo démocratisation du savoir-faire tailleur. De nombreuses marques et enseignes proposent désormais un service qui consiste à faire essayer au client un gabarit de veste et de pantalon standard mais s’approchant au mieux de sa taille, pour ne plus ajuster que la longueur de manche et l’ourlet, dans un choix de tissu. Cette prestation est souvent présentée comme de la demi-mesure.

 

On comprend l’écart entre cette prestation sympathique mais limitée et un costume de grande mesure. Surtout aux yeux d’hommes qui choisissent avec soin la largeur d’une cravate et le nombre de plis d’un pantalon.

Bien sûr, le prix est à la hauteur de la différence : un costume sur mesure ne coûtera jamais moins de 7 à 10 000 euros. Enfin, en première main…

 

L’histoire du sur mesure, c’est un peu Erasmus avant l’heure.

Nul ne discute la paternité anglaise du savoir-faire tailoring.

Dans les années 30, le polémique mais élégant duc de Windsor en fût un des grands ambassadeurs : en voyage autour de l’Empire avant son couronnement, ses costumes croisés gris à rayures craie furent très remarqués.

Mais c’est un ténor et compositeur en vogue à l’époque d’Edouard VII, Paolo Tosti, qui aurait développé l’industrie du costume en Italie en envoyant ses costumes made in Savile Row à sa famille restée à Ortona, dans les Abruzzes. En démontant ces costumes pour en découvrir les mythiques secrets, les anonymes tailleurs italiens auraient perfectionné leur savoir-faire. Dans les années 1950, la Péninsule comptait d'ailleurs plus de sartori que l'Angleterre.

 

Aujourd’hui, (très) schématiquement, le costume sur mesure pour homme relève de 3 écoles : la Britannique, épaule carrée et coupe structurée, la Française, à l’épaule plus souple et avec plus d’aisance, et l’Italienne, encore plus souple, en termes de coupe et de tissu.

Au sein de l’école italienne coexistent 3 courants (l’Italie n’est pas une république depuis très longtemps) : la Napolitaine, la Milanaise et la Romaine. Nous reviendrons sur le sujet un peu plus bas.

 

Gaetano aux ciseaux d’or

 Nous aurons aussi l’occasion d’entrer plus avant dans le monde délicieux de raffinement du costume pour homme, son histoire, ses astuces, ses rites, mais il est temps de présenter plus avant, El Maestro, Gaetano Aloisio.

 

S’il n’a pas la popularité de (Francesco) Smalto ou Cifonneli, l’homme a son fan club enthousiaste. A travers les quelques articles qui lui sont consacrés, on comprend que c’est un homme respecté, discret et engagé pour son métier. En particulier, la défense du terme « bespoke » lui tient à cœur, comme celle de l’artisanat et de l’écoute de ses clients.

Né en Calabre, dans le Sud de l’Italie, il démarre très jeune son apprentissage.

A 16 ans, il trace sa route vers le Nord, arrive à Milan et est engagé chez Cesare Tosi, l’un des tailleurs sur mesure les plus réputés de la ville. Après 4 ans d’expérience, il rejoint Rome et parfait sa formation (encore que dans son cas, l’idée de s’améliorer toujours soit un mantra encore d’actualité). Il ouvre sa propre Maison en 1991.

Grâce à son apprentissage, Gaetano synthétise à lui seul les 3 écoles italiennes ! Ajoutons qu’il est coupeur ET tailleur. C’est sans doute grâce à cette formation très complète, cette maitrise à la fois technique et stylistique qu’il ne revendique pas un style propre. Au contraire, à ses yeux, imposer un style (son style) est presque incompatible avec l’idée du sur mesure. Son travail de tailleur consiste à rendre ses clients les plus élégants possible en fonction de leur goût, de leur style de vie et de leur morphologie.

“The Inspiration of a tailor is his Client”  met-il en exergue sur son site.

Un tel savoir-faire s’exprime quand même à travers une certaine patte. Au gré des articles, on parle de la pureté des lignes, la légèreté visuelle des coupes. L’entoilage chez Gaetano Aloisio est toujours cousu main et non machine, ceci expliquant pour partie cela.

Personnellement, nous avons également été frappé par l’extraordinaire qualité des tissus, et des détails de finition – la fente qui permet de fixer le premier du pantalon ! -.

Gaetano Aloisio a reçu les “Forbici d’Oro” (les Ciseaux d’Or, la plus haute distinction possible dans son métier) en 1986 et a été distingué par le Président de la république italienne pour sa contribution à la mode italienne en 2011.

Nous ne le connaissons pas mais cette grisante petite anecdote nous le rend forcément sympathique : à la publication de notre premier post Instagram autour d’un magnifique costume cachemire Prince de Galles Aloisio que nous avions reçu en dépôt, nous taguons le Maitre.

A notre plus grande joie, Il nous répond : « Je crois que j’ai fait ce costume il y a une vingtaine d’années ». Et c’était exactement cela. Quelle preuve de l’implication de l’homme et du caractère unique de son travail !

https://www.pinterest.fr/pin/489696159482256893/

 

Le sur mesure de l’un peut devenir la pièce unique (ou le sur-mesure) de l’autre

Nous consacrerons d’autres articles au savoir-faire tailleur, à ses détails qui font la différence avec certitude mais sans ostentation. En la matière, quand l’auteur de ces lignes se souvient qu’il y a 6 mois, de vraies boutonnières de manches étaient l’alpha et l’oméga du sujet, il mesure le chemin parcouru.

Mais si nul ne peut contester que cet artisanat d’art a un coût, tour le monde n’a pas envie de mettre 7 à 10 000 euros dans un costume, ou 1 000 euros dans un pantalon.

 

Et c’est là que la seconde main ouvre de joyeuses perspectives ! Un bon retoucheur saura à peu près tout reprendre sur un costume aussi bien fait qu’en sur mesure : agrandir les réserves de tissu d’ourlet sont généreuses , réduire, affiner, allonger, raccourcir et même reprendre les épaules, etc.

A part le nombre de boutons des vestes et dans la limite du raisonnable en termes d’écart de taille, la Grande mesure s’inscrit d’office dans la durée et donc dans une forme de d’adaptabilité. C’est dans ses gênes. Depuis que nous avons commencé à proposer ces pièces, nous l’avons constaté 20 fois.

Mettre à ses mesures du sur mesure vous habille en sur- mesure sans en payer le prix.

On parlera ici seulement de durabilité, sustainibilité. Sans oublier une notion essentielle dans la mode : se faire plaisir à être au mieux de soi.

 

Pour finir, quelques faits : 

  • Un costume sur mesure représente un minimum de 60 heures de travail, et plusieurs essayages

 

  • En 2009, des tailleurs de Savile Row ont saisi l’Advertsing Standard Authority (dont la mission se comprend aisément) pour défendre la définition suivante du terme « bespoke » :  La création ad hoc d’un patronage 100 % original, un travail intégralement à la main et plusieurs essayages. Ils se sont faits éconduire sous prétexte que le terme avait glissé vers d’autres acceptions et qu’en outre, « personne, achetant ce type de produit à des prix abordables ne s’attend à un produit complètement réalisé à la main ».

 

  • Le contrôle qualité est un point essentiel dans le résultat d’un costume en Grande Mesure, et donc, par la même, la taille de l’atelier : s’il n’a pas assez de personnel permanent, le recours à la sous-traitance extérieure peut compromettre la régularité de la prestation. C’est parfois très bien, parfois moins bien. Tant qu’à casser sa tirelire, autant garantir le résultat.

 

  • La Maison Charvet (sur laquelle il faudra revenir un jour) propose entre 6 000 et 7 000 différents tissus pour la confection de ses chemises sur mesure.  

 

  • Give me a man who makes the tailor, not the tailor who makes the man” (Lord Brummell). 

 

Retrouvez nos costumes en cliquant ici

 

Merci aux archives des Echos, aux blogs Parisian Gentleman, art of style, et Permanent Style et au Maitre lui-même de nous en avoir autant appris.